La gonzesse mécanicienne

Y a pas très longtemps, un client rentre dans l’atelier, parle avec mon mari et me voit en train de remonter un embrayage sur un Monster.

Il me dit: « Ah parce que vous faites de la mécanique vous aussi? C’est pas courant ça. »

Deux possibilités s’offraient à moi: je souris ou je lui pète la gueule.

Bon déjà c’est un client, alors je lui pète pas la gueule, au pire je lui explique que les femmes se sont levées de derrière leur chaise de bureau de secrétaire et ont décidé d’aller faire le métier qu’elles souhaitaient et non pas le métier de « femmes » qu’on leur avait attribué. (aparte: je n’ai rien contre les secrétaires qui aiment leur métier, c’est juste un exemple qui explique bien les choses actuelles)

En tout cas, on en est encore là! Oui, juste ici! La femme qui fait un boulot de mecs.

En soi, le mec est plutôt sympa, il me cause et tout! T’en as qui rentrent là dedans et qui ne parlent qu’au vrai mec! LE mécano quoi, en l’occurence ici, mon mari. Par contre, ce mec en question, n’hésite pas « à rentrer en contact » avec moi pour que je lui commande une petite pièce. Bah oui, les gonzesses, ça sert à ça non?!? Bon celui là je lui pète la gueule lol.

Bref, les femmes sortent des quatre murs de leur maison pour s’offrir la vie qu’elles souhaitent depuis un bon moment déjà.

Dans la moto, c’est lent, mais ça vient. C’est un secteur où les lignes sont difficiles à faire bouger mais beaucoup de femmes persévèrent et ça change. Quand un homme fait un pas pour obtenir quelque chose, la femme doit en faire 3. J’ai 31 ans, les personnes de mon âge sont plutôt ouvertes d’esprit. Et pourtant, lorsque j’ai fait mes années d’études en mécanique moto, certains de mes camarades n’aimaient et n’acceptaient pas franchement de me voir là.

Femme et mécanique: pour beaucoup, ces deux mots ne peuvent pas se marier.

Mais ça fonctionne, les jeunes motards ne font pas trop cette différence et c’est une bonne chose, ça vient doucement. Ce sera juste long. On commence à ne plus se poser la question de confier sa moto à une femme.

C’est une bataille que nous ne vivons pas toutes de la même façon, moi je suis mécanicienne mais d’autres sont pilotes par exemple et c’est aussi compliqué.

Soyons femmes et motardes, assumons nos choix et nos envies.